
Les semi-conducteurs sont plus que de simples composants technologiques. Ils sont au cœur de l’économie numérique et constituent sans doute l’industrie la plus stratégique du XXIe siècle. Sans eux, les smartphones, les voitures électriques et les systèmes de défense ne seraient pas possibles. Mais il semble que le Royaume-Uni commence à prendre du retard dans cette course critique.
Selon une nouvelle étude du cabinet d’avocats Mathys & Squire, le Royaume-Uni ne représentera que 0,3 % de l’ensemble des brevets mondiaux sur les semi-conducteurs en 2022. Oui, vous avez bien entendu : moins d’un demi pour cent pour un pays qui ambitionne de devenir une superpuissance technologique. Dans le même temps, la Chine est en tête avec plus de 50 % des brevets, suivie par les États-Unis avec un quart des demandes mondiales.
Bien entendu, les îles britanniques ne manquent pas de talents en matière d’ingénierie. Des entreprises comme Arm, de Cambridge, savent comment développer des solutions avancées en matière de microprocesseurs. Mais la question est différente : pourquoi la pensée technologique du Royaume-Uni n’est-elle pas suffisamment soutenue au niveau gouvernemental ? Et surtout, que se passera-t-il ensuite ?
Une Course Technologique sans Pilote
Ces dernières années, le marché mondial des semi-conducteurs a connu une croissance fulgurante. Le nombre de nouveaux brevets a augmenté de 59 % en cinq ans pour atteindre près de 70 000 demandes. Il ne s’agit pas seulement d’un regain d’intérêt, mais d’une véritable expansion technologique, chaque pays cherchant à s’imposer.
Cependant, dans cette course, le Royaume-Uni ressemble à un marathonien qui aurait oublié de prendre le départ avec les autres. Malgré des incitations fiscales générales pour les entreprises, les initiatives spécifiques dans le secteur des semi-conducteurs restent l’exception plutôt que la règle. En outre, la récente réduction de l’accès aux préférences fiscales anti-fraude a suscité une vague de critiques dans la communauté technologique britannique.
Alors que le gouvernement cherche un équilibre entre le soutien à l’innovation et la discipline fiscale, les concurrents ne perdent pas de temps. La Chine, les États-Unis et l’Union européenne investissent massivement dans la recherche et le développement de puces, construisent de nouvelles usines et constituent des stocks de composants stratégiques.
Le Moteur Asiatique et le Défi Occidental
Pourquoi c’est important ? Parce que les semi-conducteurs sont devenus le nouveau « pétrole » de l’économie mondiale. La Chine, par exemple, développe activement son pôle de fabrication de puces électroniques afin de réduire sa dépendance à l’égard des fournisseurs étrangers. Taïwan, quant à elle, est depuis longtemps synonyme de « technologie de pointe » grâce à des entreprises comme TSMC.
Alors que l’Union européenne et les États-Unis s’emploient activement à mettre en place des programmes de subventions pour stimuler l’industrie, le Royaume-Uni semble être un observateur extérieur. Les dirigeants politiques et les chefs d’entreprise soulignent déjà ouvertement que, sans une stratégie gouvernementale claire et ambitieuse, le Royaume-Uni risque d’être relégué aux marges de la carte technologique mondiale.
Que Réserve le Marché Britannique des Puces Électroniques ?
Avant qu’il ne soit trop tard, le pays peut encore rattraper son retard. Les experts invitent le gouvernement à élaborer une stratégie à long terme pour soutenir la production nationale de microprocesseurs et stimuler la recherche. Sans cela, la dépendance à l’égard de l’étranger ne fera que s’accroître.
Les entreprises et les centres de recherche britanniques ont besoin non seulement d’un soutien moral, mais aussi d’outils concrets pour être compétitifs sur la scène mondiale : incitations fiscales, financement de la recherche et du développement, partenariats stratégiques avec les principaux acteurs du marché.
Sinon, les risques sont clairs: un retard dans le domaine des semi-conducteurs est synonyme de vulnérabilité économique, de dépendance à l’égard des fournisseurs extérieurs et d’occasions manquées sur le marché mondial de la technologie.
Nous en revenons ici à la question principale : le Royaume-Uni est-il prêt à se battre sérieusement pour une place dans l’avenir de l’économie numérique ? La réponse doit être donnée le plus rapidement possible – pendant que le temps joue encore en faveur de Londres, et non contre elle